Fort Karl, à Saint-Barthélemy, est comme une sentinelle oubliée, posée sur un promontoire au-dessus de Gustavia.
Construit au XVIIIᵉ siècle par les Suédois, époque singulière où l’île, échappant à la logique des empires colossaux, passa sous couronne suédoise, il faisait partie d’un triptyque de fortifications , Gustav Adolf, Oscar et Karl.
Ensemble, ils veillaient sur le port et ses marchandises, à une époque où la mer Caraïbe était un théâtre de convoitises, de contrebande et de rivalités coloniales.
Aujourd’hui, il n’en reste que des ruines , quelques pans de murs de pierre, un silence de sentinelle disparue.
Mais son site est précieux.
Depuis ce perchoir, la vue embrasse Gustavia, ses toits rouges et la mer turquoise, comme une carte postale où le temps semble suspendu.
Les lézards y sont peut-être les seuls gardiens encore fidèles.
Ce fort raconte une histoire paradoxale , celle d’une petite île caribéenne dont l’identité fut forgée par un détour improbable par la Suède, loin de l’imaginaire français ou hollandais habituel.
Il incarne la fragilité des pierres face au ressac du temps, mais aussi la persistance de la mémoire, car chaque ruine est une archive ouverte, une invitation à regarder plus large que l’horizon immédiat.
On pourrait dire que Fort Karl n’est pas un monument de puissance, mais une balise poétique , une pierre qui rappelle que les îles, si minuscules qu’elles paraissent, furent des carrefours du monde.
Saint-Barthélemy est une île à part, unique au monde.
Un territoire Français où l’emprise de l’argent semble vouloir s’imposer jusque dans les moindres recoins, jusqu’aux pages du web.
Ainsi, ses véritables trésors, sites touristiques discrets, lieux de mémoire, empreintes d’histoire, restent dans l’ombre, presque absents d’Internet, comme si la culture et l’âme de l’île devaient s’effacer devant l’éclat du luxe.
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